Charlie Chaplin : C'est vrai. Mais, votre gloire est plus grande encore : le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend !
Cité dans Les Nouvelles trimestrielles des Anciens de l'OMS, n°91, avril 2013, p.8.
Charlie Chaplin : C'est vrai. Mais, votre gloire est plus grande encore : le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend !
Cité dans Les Nouvelles trimestrielles des Anciens de l'OMS, n°91, avril 2013, p.8.
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Bon 104e anniversaire à Olivia de HavillandIl y a quatre ans, nous avons publié un article intitulé « Brèves vies d'auteurs et longues vies d’artistes » de la plume de notre fidèle contributrice Michèle Druon. La longue vie dont il s’agissait était celle d’Olivia de Havilland, qui a joué dans le film Gone with the Wind [1] en 1939. Nous avons publié cet article à l'occasion du 70e anniversaire de la parution du livre (le 30 juin 1936) [2] sur lequel le film était basé et également du centenaire d’Olivia de Havilland (née le 1er juillet 1916). Le livre a été traduit en français en 1939 sous le titre “Autant en emporte le vent”.
Selon un sondage d’ABC News mené en 2011, le film « Autant en emporte le vent » a toujours été considéré comme le meilleur film jamais réalisé depuis 1939. Une fois l’inflation prise en compte, le film est le plus gros succès de l’histoire du cinéma.
Aujourd'hui, Olivia de Havilland est encore en vie et fêtera son 104e anniversaire cette semaine On ignore si elle occupe toujours la même maison parisienne près du Bois de Bologne, dans laquelle elle vivait depuis les années cinquante avec son mari français. [3]
« Le chef-d’œuvre de la romancière américaine Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, publié en français en 1939, la même année que la sortie du film éponyme aux 10 oscars, paraît jeudi pour la première fois dans une nouvelle traduction.
Publiée en deux volumes (720 pages chacun, 13 euros), en format poche, aux éditions Gallmeister, cette nouvelle version a nécessité un an de travail et de recherches de la part de la traductrice Josette Chicheportiche qui a eu la difficile tâche de revisiter une œuvre, superbe et flamboyante, mais aussi terriblement datée et scandaleuse dans sa façon de décrire les rapports raciaux dans le Sud esclavagiste. »
Le linguiste René Meertens, notre « Linguiste du mois de janvier 2019 » a rédigé une note sur la traduction de l'oeuvre de Margaret Mitchell dans une analyse publiée récemment sur notre blogue soeur, Le-mot-juste-en-anglais.com
Au cours de ce mois, qui correspond à la période des manifestations dans le monde à la suite de l'homicide de George Floyd aux Etats Unis, HBO Max a temporairement retiré « Autant en emporte le vent » de sa plate-forme de streaming et prévoit d’inclure une dénonciation et une explication sur les représentations racistes du film lorsqu’il sera remis en ligne.
Le service de streaming, assuré par WarnerMedia, reproposera ultérieurement le classique de 1939 et ajoutera un contexte historique. [4]
Voici un entretien avec John Ridley, le metteur en scène qui a adapté le script du film « Esclave pendant douze ans » et qui a promu la suppression temporaire d’« Autant en emporte le vent » pour attirer l’attention du public sur les stéréotypes racistes qui y sont reflétés dans celui-ci. D'apres Ridley, « C’est un film qui glorifie le Sud d’avant la guerre de Sécession. Tandis qu’il ignore les horreurs de l’esclavage, il perpétue les stéréotypes les plus douloureux sur les gens de couleur ».
Pour un aperçu sur la question controversée de savoir dans quelle mesure on doit préserver les livres, les films, voire les statues [5] qui rappellent les sombres souvenirs du monde de l'esclavage, voir « ‘Gone With the Wind and Controversy », paru dans le New York Times le 10 juin 2020.
Jonathan G.
Mise à jour : Olivia de Havilland est morte le 25 juillet 2020, quelques semaines après la parution de cet article.
[1] Le titre du livre et du film vient d'un poème écrit par l'Anglais Ernest Dowson (1867-1900) (lui aussi, de très courte vie) poete, romancier, auteur de nouvelles, traducteur anglais, associé au mouvement décadent. Dowson traduit Émile Zola, Honoré de Balzac, Voltaire. Un ami le découvre, à Paris, misérable, malade et alcoolique. Il le ramène à Londres, où il meurt dans sa maison.
[2] Le livre a remporté le Prix Pulitzer en 1939. Le prix porte le nom de Joseph Pulitzer, journaliste américain d'origine hongroise.
En 1883 la collecte des fonds nécessaires à la réalisation de l'immense socle de la statue de liberté (« Miss Liberty ») à New York manquait de financement. C’était Pulitzer qui a joué un rôle principal en incitant les donneurs privés à financer le projet.
[3] Quand Olivia de Havilland épousait… un journaliste de Paris Match
[4] Une projection d'Autant en emporte le vent annulée à Paris, "inadmissible" pour le ministre de la Culture
FRANCE24, 13.6.2020
[5] Actualités - 28.6.2020 : A la suite du meurtre de George Floyd, les activistes partout demandent que des statues d'esclavagistes ou figures historiques racistes soient déboutonnées. Une telle réclamation a été faite cette semaine envers la statue du roi français Louis IX du Moyen Âge, dans la ville de Saint Louis (Missouri). Cette statue représente le roi à califourchon sur un cheval, portant une couronne et une robe et tenant une épée dans sa main droite. Érigée il y a 116 ans à Forest Park, elle est l'un des monuments les plus connus de la ville. Aujourd'hui, une coalition d'activistes veut que cette statue soit abattue parce que Louis IX a persécuté les Juifs, a présidé à l'incendie de masse notoire du Talmud juif, a émis un ordre d'expulsion contre ses sujets juifs et a mené deux armées croisées dans des offensives infructueuses en Afrique du Nord.
Louisville (Kentucky), par contre, porte le nom du roi français Louis XVI.
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La statue de Léopold à Anvers | La statue du roi Louis IX à Saint-Louis |
Ces statues que l’on déboulonne,
FRANCE-AMERIQUE, le 11 juin 2020
Déboutonner, expliquer, remplacer...
Pourquoi les statues ont pris une place monumentale dans le combat
contre le racisme
Franceinfo 19.6.2020
La statue de l'impératrice Joséphine détruite à Fort-de-France
Fondation Napoleon, 27 juillet 2020
Le Camerounais en guerre contre la statue d'un héros de guerre français
BBC News Afrique
Lectures supplémentaires :
Scarlett O'Hara ou la putain féministe
SLATE.fr
How do we address racism in 'Gone with the Wind"?
New York Times
Posted at 04:15 PM in ciné | Permalink | Comments (0)
L'article qui suit a été rédigé par René Meertens, traducteur de langue française, et notre « Linguiste du mois de janvier 2019 ».
Les observations qui suivent ont un caractère préliminaire et ne constituent pas une critique du livre.
Les contributions précédentes de René sont accessibles ici.
Gone with the Wind de Margaret Mitchell, publié en anglais le 30 juin 1936, vient d’être retraduit en français par Josette Chicheportiche pour les éditions Gallmeister. La première traduction avait été réalisée par Pierre-François Caillé. Le titre français du livre reste inchangé (Autant en emporte le vent [1]).
Margaret Mitchell |
Selon le Sunday Times londonien du 9 juin, la nouvelle traduction est plus fidèle. Nous ne pourrons pas en juger tant que l’éditeur ne nous aura pas envoyé un exemplaire.
Pour le Sunday Times, la traduction de la dernière phrase, notamment, illustre cette fidélité nouvelle.
Un peu de contexte : Scarlet est amoureuse de Rhett Butler, mais ce dernier a cessé de l’aimer. Voici le dernier paragraphe de l’original :
With the spirit of her people who would not know defeat, even when it stared them in the face, she raised her chin. She could get Rhett back. She knew she could. There had never been a man she couldn't get, once she set her mind upon him. "I'll think of it all tomorrow, at Tara. I can stand it then. Tomorrow, I'll think of some way to get him back. After all, tomorrow is another day."
Ancienne traduction de la dernière phrase : « En somme, à un jour près. »
Le Sunday Times estime que cette dernière phrase est pessimiste, alors que la phrase de l’original est résolument optimiste : elle va le récupérer, son Rhett. Le journal paraphrase la traduction de Pierre-François Caillé comme suit : « After all, another day won’t make much difference » (Après tout, un jour de plus n’a guère d’importance), ce qui est une interprétation. En fait, alors que l’anglais est clair, cette traduction ne l’est pas du tout.
Quel est le sens de tomorrow is another day ? C’est une expression courante d’optimisme et de foi en l’avenir. Elle peut se rendre par « demain tout peut encore s’arranger ».
Le journal L’Orient - Le jour du 9 juin indique la nouvelle traduction des deux dernières phrases : « Demain, je réfléchirai à un moyen de le faire revenir. Après tout, demain est un autre jour. »
L’expression « le faire revenir » est faible. L’anglais dit « to get him back ». Elle veut le récupérer !
Quant à la traduction de la dernière phrase, elle est digne de Google Translate. En fait, c’est ce que ce logiciel de traduction propose. En français, cela ne veut rien dire.
On peut conclure que les deux traducteurs ne connaissaient pas le sens de l’expression en question.
Les imperfections de ce genre sont hélas trop fréquentes dans les traductions littéraires d’anglais en français.
Bien entendu, on ne peut juger la traduction d’un livre en se bornant à lire celle de deux phrases !
[1] Le titre du livre, tant en anglais qu’en français, reprend une expression connue dès avant 1936, mais popularisée par le roman, et par le film qui en a été tiré.
En anglais, « gone with the wind » désigne une réalité qui a disparu, en l’occurrence le Sud des Etats-Unis tel qu’il était avant la Guerre de Sécession.
L’expression « autant an emporte le vent » a un autre sens. Elle « se dit de promesses, de propos qui restent sans effet » (Grand Larousse de la langue française). Les promesses de Macron (ou de Le Pen ou d’Hidalgo) ? Autant en emporte le vent ! Cette expression a été remplacée de nos jours par « Les promesses n’engagent que ceux qui les croient ».
Le titre reste excellent, car la notion de vent est conservée, et l’on trouve certainement dans le livre des promesses non tenues, par exemple les vœux que Rhett Butler a prononcés lors de son mariage avec Scarlet.
Posted at 07:55 PM in ciné, René MEERTENS | Permalink | Comments (0)
Depuis que ma femme et moi sommes établis à Los Angeles, nous n'avons jamais omis d'assister au festival annuel du film français, appelé COL-COA (City of Lights – City of Angels). [1]
Ce festival a lieu dans le superbe bâtiment de la Los Angeles Directors Guild, situé Sunset Boulevard, au cœur d'Hollywood, non loin du Walk of Fame et à cinq minutes de chez nous. Les films sont projetés dans deux grandes salles, baptisées pour la circonstance Théâtre Renoir et Théâtre Truffaut. La 19e édition du Festival vient de s’achever.
Walk of Fame, à Hollywood, Sunset Boulevard |
L'immeuble de la Directors Guild, à Los Angeles |
Tous les films sont sous-titrés en anglais et certains d'entre eux ont leur première lors de ce festival. (En 2008, j'ai vu Bienvenue chez les Ch’tis, en première mondiale, avant qu'il devienne un grand succès en France. Les sous-titres anglais rendaient de façon remarquable le dialogue inhabituel de ce film.) Parmi les personnalités qui ont assisté au Festival au fil des années, on peut citer les réalisateurs Claude Lelouche et François Truffaut, et les comédiens Sylvie Testud, Danny Boon et Nathalie Baye.
Je m’empresse d’affirmer que chaque spectateur au festival dispose d’un fauteuil, alors, pourquoi parler d'avec le cul entre deux chaises ? Voici l'explication : Après la projection du film Elle l’adore de la réalisatrice Jeanne Herry [2], qui a également écrit le scénario de ce superbe thriller psychologique, il y a eu une séance de questions. Mme Herry parle très bien l’anglais, mais une interprète était sur place en cas de besoin. Alors que la réalisatrice répondait en anglais à la question qui lui était posée, elle a utilisé l’expression française avec le cul entre deux chaises, et s’est tournée vers l’interprète pour qu’elle traduise l'expression en anglais. Cela a donné : having your butt between two chairs. (Butt est une forme abrégée de buttocks, synonyme de nates, backside, bum, buns, can, fundament, hindquarters, hind end, keister, posterior, prat, rear, rear end, rump, stern, seat, tail, tail end, tooshie, tush, bottom, behind, derriere, fanny, ass (et la version britannique de ce dernier mot : arse.) [3] [4] [5]
« Aussi haut qu'un roi soit assis, il n'est assis que sur son cul »
- Michel de Montaigne
L’interprète avait manifestement une excellente maîtrise de l’anglais et du français. Mais, même si nous avons tous deux mains, nous ne sommes pas tous pour autant pianistes de concert; même si quelqu’un parle très bien deux langues, cela ne veut pas dire qu'il peut fournir la bonne interprétation dans l’urgence, surtout lorsqu’on a affaire à une expression idiomatique. "Having your butt between two chairs » n’est pas une mauvaise traduction et l’auditoire a probablement compris ce qu’elle voulait dire. Néanmoins, l’expression idiomatique anglaise équivalente à cette expression française est to fall between two stools.
Autre difficulté langagière survenue à cette occasion : le mot custody employé en anglais par la réalisatrice. Ce mot est souvent traduit par « garde », par exemple lorsqu’on parle de the custody of children (surtout dans les litiges liés aux affaires de divorce). On parle aussi de confier la garde d'un objet (placing an object in the custody of) à une personne physique ou morale telle qu'une banque. Toutefois, s'agissant d'action pénale, les expressions anglaises to be held in police custody ou to be taken into police custody désignent ce qu'on appelle en France « en garde à vue ». Mme Herry a exprimé un certain agacement lorsque son emploi du mot custody n’a pas été immédiatement compris par le public, mais elle a rapidement réussi à se faire comprendre.
Elle l’adore est le premier long-métrage de Jeanne Herry et sa qualité n’avait rien à envier à celle d’autres films réalisés par des gens deux fois plus âgés. Je prédis que nous allons entendre parler longtemps de cette jeune femme très talentueuse. Entendre la réalisatrice répondre à des questions posées en anglais devant un grand auditoire au Théâtre Truffaut, après avoir apprécié chaque instant de son film, a été pour moi the cherry on the cake [6], ou, comme on dit en français, la cerise sur le gâteau. Et, dans ce cas, une traduction littérale aurait parfaitement fait l'affaire !
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[1] dont le directeur est François Truffart, Chevalier des Arts et des Lettres.
[2] fille du chanteur Julien Clerc et de l’actrice Miou-Miou.
[3] Le vocabulaire français est, lui aussi, assez riche. Le Robert énumère : derrière, arrière-train, croupe, fessier, fesse, fondement, potron, postérieur (abrégé en poster) et, dans le registre familier, baba, croupion, derche, lune, panier, pétard, popotin.
[4] D'autres significations de "butt" sont la crosse (d'un fusil) et le mégot (d'une cigarette).
[5] Avant de fermer cette parenthèse à propos du mot cul, mentionnons que l'expression cul-de-sac est fréquemment employée dans la signalisation routière des pays de langue anglaise pour désigner ce qu'en France, on appelle plus volontiers
une impasse. Comme quoi, nul n'est prophète en son pays ! En vieux français, le mot cul était moins trivial qu'aujourd'hui et désignait tout simplement le fond : cul-de-basse-fosse, cul-de-four, cul-de-jatte, cul-de- lampe, cul-de-poule, cul-de-sac.
[6] ou the cherry on the ice ou the cherry on the top.
Jonathan G. |
Traduction: Isabelle Pouliot http://traduction.desim.ca/ |
Posted at 01:26 PM in ciné, Isabelle POULIOT | Permalink | Comments (0)